Récupération améliorée après chirurgie (RAAC)

La kinésithérapie (ou physiothérapie) est un élément crucial du processus de récupération après une chirurgie ou un traumatisme. La prise en charge aiguë du patient est faite directement à l’hôpital, mais la suite de la prise en charge peut être faite en SSR (Soins de Suite et de Réadaptation), en centre de rééducation, en cabinet et/ou à domicile. Elle aide à restaurer la fonction physique, à réduire la douleur, à améliorer la mobilité, à prévenir les complications, à se remettre en forme et à favoriser la guérison.

MOBILITÉ

Lors d’une chirurgie, quelle qu’elle soit, on peut observer une diminution de la mobilité et de la flexibilité de la zone opérée. En utilisant des techniques spécifiques, de l’électrothérapie, des mobilisations des articulations, des étirements musculaires et des exercices ciblés, le masseur-kinésithérapeute aide à rétablir la mobilité et les capacités de la zone affectée.

Pour permettre de travailler sur la plus grande amplitude de mouvement, le kinésithérapeute peut mettre en pratique plusieurs techniques comme des mobilisations passives manuelles, le « contracté/relâché », des mobilisations actives aidées etc. Il peut également avoir recours à du matériel tels que les arthromoteurs, qui permettent un travail passif de l’articulation, lors des suites post-opératoires des prothèses totales de genoux par exemple pour gagner en amplitude articulaire.

La méthode du « contracté/relâché » est une technique utilisée en kinésithérapie pour libérer les muscles tendus ou contractés. En effectuant des séries de contractions musculaires alternées entre des contractions volontaires et du relâchement musculaire, le thérapeute améliorera la mobilité, réduira les tensions musculaires et soulagera la douleur. Cette méthode se décompose en quatre étapes: l’identification du muscle tendu, la contraction musculaire, le relâchement musculaire et la répétition.

  1. Identification du muscle tendu: le kinésithérapeute identifie, via la palpation manuelle, le muscle ou les muscles qui sont tendus ou contractés, pour détecter les zones de tension musculaire.
  2. Contraction musculaire: le kinésithérapeute demande au patient de contracter activement le muscle ciblé contre une résistance légère ou d’effectuer un mouvement spécifique dans une direction donnée. La contraction est maintenue quelques secondes, habituellement 5 à 10 secondes, à une intensité modérée. 
  3. Relâchement musculaire: Après avoir contracté de manière intentionnelle le muscle, le patient est invité à relâcher complètement le muscle. Ce relâchement permet au kinésithérapeute d’appliquer un léger étirement du muscle contracté. Cette phase dure environ 10 à 20 secondes. Durant ce temps, le kinésithérapeute peut aussi effectuer des techniques de massage doux pour relâcher les tensions.
  4. Répétition: Cette technique est répétée plusieurs fois pour chaque muscle ciblé, avec des périodes de contractions et relâchements alternées. Le nombre de répétitions et la durée de chaque phase est ajustée en fonction des besoins du patient et de la réponse musculaire.  

La méthode du « contracté/relâché » est le plus souvent intégrée à un plan de traitement plus large qui comprend d’autres techniques de thérapie manuelle, d’étirements, d’exercices de renforcement musculaire combinées à d’autres modalités de traitement comme la chaleur, le froid, les ondes de choc, etc. Il s’agit d’une technique qui cherche à relâcher les tensions musculaires, à améliorer la mobilité articulaire et à diminuer la douleur, dans l’objectif d’une récupération  et rétablissement optimal du patient. 

FORCE MUSCULAIRE

La chirurgie, la durée d’immobilisation et la période de récupération peuvent entrainer une perte de la force musculaire. En ayant recours à des exercices spécifiques, la kinésithérapie favorise la reconstruction musculaire et aide à améliorer la stabilité des articulations touchées.

Pour ce faire, la kinésithérapie a recours à l’activation musculaire. La capacité musculaire d’un muscle fait référence à sa capacité à produire une force maximale ou à maintenir une force durant un temps donné. Elle se divise en 3 parties: la force, l’endurance et la puissance musculaire.

  1. La force musculaire: elle représente la force maximale qu’un muscle peut générer lors d’une contraction maximale. Celle-ci peut varier en fonction de facteurs tels que la taille du muscle, la composition musculaire, l’âge ainsi que le sexe. Cette force musculaire est évaluée à l’aide de tests de force isométrique (lorsque le muscle ne change pas de longueur pendant sa contraction) ou de tests de force dynamique (lorsque la longueur du muscle est modifiée lors de la contraction. Soit en rapprochant les points d’insertions du muscle, on parlera de contraction concentrique; soit en éloignant les points d’insertions, on parlera donc de contraction excentrique).
  2. L’endurance musculaire: il s’agit de la capacité du muscle à maintenir une contraction ou à produire une force de façon répétée et/ou continue pendant une certaine durée. On la mesure en termes de répétitions ou de temps pendant lequel le muscle peut maintenir une activité submaximale. Prenons exemple avec la musculation, on parlera d’endurance musculaire lorsqu’un muscle aura la capacité à conserver une contraction musculaire pendant plusieurs minutes ou à réaliser un certain nombre de répétitions sans se fatiguer.
  3. La puissance musculaire: elle se réfère à la combinaison de la force musculaire et de la vitesse de contraction pour déclencher une force explosive ou une action rapide. Elle peut être évaluée lors de tests de saut, de sprint, ou d’activités qui demandent une action explosive. Elle est importante dans différents sports ou activités physiques diverses qui nécessitent des mouvements rapides et explosifs.

Enfin, la capacité musculaire peut être influencée par plusieurs facteurs, tels que l’entrainement physique, l’alimentation, l’âge et les conditions médicales.

Pour améliorer sa capacité musculaire, un programme d’entrainement ciblé sur le renforcement musculaire, l’endurance et la puissance est primordial. De plus, cela apportera des avantages à votre santé, une performance athlétique améliorée et une qualité de vie meilleure.

DOULEUR

Pour gérer la douleur, diverses techniques peuvent être employées comme le froid ou la chaleur, des techniques de relaxation, des étirements doux et des exercices spécifiques. En effet, la libération d’endorphines générée par ces méthodes va créer un effet analgésique.

L’exercice réalisé pendant une séance de kinésithérapie, permet d’améliorer la mobilité articulaire, de renforcer les muscles et favorise la récupération après une blessure. Le corps réagit à cet effort en libérant des endorphines ce qui soulage la douleur. Les endorphines, en bloquant les signaux de douleur envoyés au cerveau, agissent comme des analgésiques naturels. Lors de leur libération, cela peut réduire la sensation de douleur, ce qui permet de réaliser les exercices de kinésithérapie plus tolérables et plus efficaces.

De fait, la kinésithérapie, de par diverses techniques et exercices, déclenche une libération d’endorphines, qui contribue à réduire la douleur, à améliorer l’humeur et à favoriser la récupération et la réadaptation.

REEDUCATION FONCTIONNELLE

En se concentrant sur la rééducation fonctionnelle, la kinésithérapie permet au patient de retrouver les compétences et les capacités nécessaires pour accomplir ses activités de vie quotidiennes (se lever, marcher, courir, monter et descendre les escaliers, …).

La rééducation fonctionnelle vise à restaurer la fonction physique, la mobilité et la qualité de vie du patient en se focalisant sur le retour à un niveau optimal de fonctionnement dans ses activités quotidiennes et ses occupations habituelles. Il s’agit d’une approche holistique, qui englobe les objectifs individuels et les besoins du patient pour favoriser une récupération complète et durable. Souvent, les rééducateurs (kinésithérapeutes, ergothérapeutes, infirmiers, orthophonistes…) travaillent en collaboration pour adapter au mieux la prise en charge du patient et lui permettre un bien-être quotidien optimal.

PREVENTION DES COMPLICATIONS

Le masseur-kinésithérapeute grâce à diverses techniques et du matériel varié peut contribuer à prévenir les complications post-opératoires telles que les adhérences, les raideurs articulaires, les thromboses veineuses profondes ainsi que les escarres en stimulant la circulation sanguine, en améliorant le drainage lymphatique et en corrigeant la posture pour permettre une bonne mécanique corporelle.

EDUCATION DU PATIENT

Le patient est le principal acteur de la prise en charge. Le masseur-kinésithérapeute peut donner des conseils et des informations au patient sur les précautions à prendre et les techniques de gestion de la douleur. Il peut également lui enseigner des exercices à reproduire à la maison et les étapes à suivre pour une récupération optimale.

AMELIORATION DE LA CIRCULATION

La circulation sanguine, après une chirurgie, peut être compromise. Pour l’améliorer, la kinésithérapie a un intérêt important. Avec des méthodes comme des exercices spécifiques, des massages et des mobilisations douces, la formation de caillots sanguins sera moindre et la guérison sera meilleure.

REDUCTION DE L’OEDEME

L’élévation des membres affectés, le drainage lymphatique manuel, la cryothérapie et les mouvements/exercices légers permettent de diminuer l’œdème et favorise la récupération.

READAPTATION SPORTIVE

La kinésithérapie peut être axée sur la réadaptation sportive pour permettre au patient de retrouver ses capacités physiques, sa force ainsi que sa performance. Cette rééducation peut inclure des exercices de renforcement, d’endurance, de coordination et de flexibilité adaptés au exigence de leur sport ou de leur activité physique.

AMELIORATION QUALITE DE VIE

Après une chirurgie, le quotidien du patient peut être légèrement impacté. Le kinésithérapeute a un rôle dans l’amélioration de la qualité de vie globale du patient en favorisant la récupération fonctionnelle et en réduisant les limitations physiques. Pour ce faire, il va travailler sur la posture, la mobilité, l’équilibre, la coordination et l’indépendance dans les activités de vie quotidienne.

SUIVI A LONG TERME

Le suivi par le masseur-kinésithérapeute en pré et post opératoire est très recommandé dans la majorité des cas. En effet, la kinésithérapie ne se termine pas une fois que le patient a récupéré son niveau de fonctionnement préopératoire. Les séances de suivi à long terme vont permettre de surveiller la progression, de maintenir et renforcer les résultats de la thérapie et enfin d’avoir une continuité des soins pour conserver une bonne santé musculo-squelettique.